Interview de Thierry Franzek-Sterlin, vigneron et responsable de l’oenotourisme au Château de Camarsac. Il nous parle du domaine et de son expérience personnelle.
Vous êtes devenu vigneron presque par hasard, racontez-nous !
Je n’étais absolument pas prédestiné au départ à être vigneron, du moins je n’avais pas imaginé l’être avant une opportunité qui s’est offerte à moi au domaine de Chevalier, Grand Cru Classé de Graves Pessac Léognan.
J’ai tout d’abord été routier ; j’ai arrêté par choix, ne pouvant profiter pleinement de moments cruciaux avec ma famille. C’est finalement le fait de réaliser les vendanges par hasard au domaine de Chevalier qui m’a conduit au métier de vigneron. J’ai été engagé pour seconder le maître de Chai de cette propriété. J’ai donc appris sur le tas, je n’ai jamais eu de formation scolaire pour exercer mon métier, mais j’ai reçu un bon enseignement et de très bons conseils de la part de maîtres en matière de vin.
J’ai voulu par la suite travailler à la vigne, ce qui m’a été difficile au départ du fait de la sectorisation des fonctions viticoles, du rejet de la polyvalence, en d’autres termes lorsqu’on est au chai, on ne va pas tailler la vigne ; les mentalités ont tout de même évolué de nos jours… Je fus donc le premier polyvalent du domaine. J’ai tout fait, par passion, par intérêt, ou par soucis d’accomplissement personnel : chai, vigne, vinification, élevage… Je dirai que mon point faible repose dans le traitement des vignes, et dans la connaissance exacte des produits phytosanitaires.
Je me suis toujours plu au domaine de Chevalier, j’ai changé de voie il y a plus d’un an maintenant du fait d’une proposition attrayante de Thierry Lurton, propriétaire du Château de Camarsac, de management des chambres d’hôtes du Clos du Prince, et de responsable des visites à la propriété. J’aime ce que je fais actuellement et je suis extrêmement heureux d’évoquer mon savoir à des touristes, à condition seulement qu’il s’agisse d’un petit comité. J’apprécie que les gens posent des questions, prendre le temps d’échanger avec eux ! Même avec ce nouveau métier, je garde l’âme d’un vigneron.
Quelles sont les caractéristiques des vins du domaine de Camarsac ? Les meilleurs millésimes ?
Les vins blancs du domaine de Camarsac sont de l’AOC Entre-Deux-Mers, dont le nom provient de la situation géographique entre la Garonne et le Dordogne, et les vins rouges et rosés de l’AOC Bordeaux Supérieur.
Il y a deux vins blancs formés à partir des cépages de Sauvignon et de Sémillon, dont un vin blanc 100% Sémillon excellent. Vous trouverez aussi du Rosé et du Clairet appelé aussi « rosé de saignée », plus coloré que les vins rosés classiques. La différence réside dans le pressurage et la durée de macération. Pour le Clairet, le jus de raisin noir macère plus longtemps que pour le rosé.
Et nous avons enfin quatre vins rouges, deux travaillés sur le fruit, et les deux autres sur le tanin. Les premiers sont issus du cépage Merlot qui donne du gros raisin permettant ainsi un travail sur la pulpe. Les bouteilles doivent se consommer dans les 3 à 5 ans. Les autres sont travaillés à partir du cépage Cabernet qui fournit de petits raisins avec plus de tanin, ce qui permet à ces vins de se conserver en barrique. En fonction des années nous ajustons la production de ces différents vins, en nous adaptant au terroir et condition climatique : nous favorisons par ailleurs la diversification du sol pour mieux valoriser ce fabuleux terroir !
Les bonnes années au domaine de Camarsac ont été les mêmes que pour l’ensemble de la région bordelaise, à savoir 2008, 2009 et 2010. L’année 2007 était particulièrement mauvaise, et les années 2011 et 2012 plutôt très moyennes. Pour 2013 c’est la catastrophe, comme dans toutes les régions viticoles françaises.
Cependant la viticulture et la vinification ne sont pas des sciences exactes. Par exemple, en 1984, tout le monde se plaignait, disait que c’était une année horrible pour le vin. Pourtant au domaine de Chevalier Pessac Léognan, il a été produit un très bon millésime, à tel point que le domaine a racheté son vin aux enchères !
Et vos préférences personnelles vont vers quel type de vins ?
Je suis peut-être un peu chauvin mais j’aime énormément les vins de Pessac Léognan. C’est peut-être par habitude ou par fierté, mais vous comprenez c’est une petit peu mon « bébé ». Ce vin est plutôt un « vin de femme » comme on dit, il est léger, élégant, racé…
Je penche aussi vers les vins blancs, notamment de Bourgogne et d’Alsace.
Depuis vos nouvelles fonctions, quel regard portez-vous sur l’oenotourisme ?
Sans parler des amateurs et connaisseurs de vin, il me semble que les gens souhaitent apprendre, participer, poser des questions : il est indispensable qu’il y ait donc quelqu’un d’expérimenté face à eux, quelqu’un du métier.
Il y a de plus en plus de gens qui s’intéressent au vin, français comme étrangers. Je pense qu’il faut leur dévoiler les secrets du métier, aller au-delà d’une simple dégustation ou visite. Chercher une vraie rencontre…
Découvrez tous nos autres partenaires vignerons.