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Sur la route des vins d’Alsace

L’histoire du vignoble alsacien

Pour le vignoble alsacien, la vie ne semble pas être un long fleuve tranquille. Contrairement aux autres régions viticoles françaises, hormis les vignobles champenois et lorrains qui ont subi les dégâts de la 1ère guerre mondiale, les vignes d’Alsace ont été malmenées par les guerres de conquête des rois de France, puis par les conflits franco-allemands. La reconstruction du vignoble, qui s’est opérée à partir des années 50, a d’abord consisté à sauver l’essentiel, ce qui fut fait avec la reconnaissance de l’AOC Alsace, obtenue en 1962, et qui valorisait la région en couvrant la totalité de l’aire viticole délimitée à cette époque, étendue depuis. Lire la suite

La fin du bouchon de liège ?


Pour certains, le bouchon de liège est irremplaçable. Ce petit outil historique est naturel, esthétique et surtout d’une grande efficacité pour obtenir du vin de qualité. Cependant, un certain nombre d’études rapportent que 3 à 5% des bouteilles du marché seraient bouchonnées à cause d’une molécule nommée TCA qui contamine le liège et donne le célèbre « goût de bouchon » ; les puristes doivent ainsi admettre que malgré ses nombreux avantages, le bouchon de liège n’est pas d’une qualité irréprochable. La présence d’une bouteille bouchonnée sur une caisse de douze est presque une fatalité, malgré la multitude de tests passés en vue d’une amélioration.

Une solution a néanmoins été trouvée face à ce problème, permettant une ouverture facile et une hygiène parfaite, mais difficile à être admise dans le monde viticole, la capsule à vis. Cette technique serait tout aussi qualitative mais ne permettrait pas une conservation infinie (des recherches sont en cours à ce sujet) : ce possible défaut n’est pas gênant pour les adeptes des vins encapsulés, étant donné que la mode actuel tend à une consommation expérientielle  plus qu’à une conservation longue durée des vins. La capsule à vis est moins esthétique, mais il n’y a pas besoin de tire-bouchon, aucun mauvais goût, et aucun problème d’étanchéité.

Le frein à ce procédé est avant tout d’ordre psychologique de la part tant des producteurs que des consommateurs. Les pays dits traditionalistes dans le monde viticole, comme la France, refusent de l’utiliser. Il s’agit selon eux d’une faute de goût ou d’une perte d’authenticité. Cet objet ne se trouve pour l’instant qu’en Suisse, en Australie, ou aux Etats-Unis… En France, seuls quelques domaines l’utilisent. Parmi eux, Florent Baumard du domaine des Baumard produisant des vins blancs de l’appellation Savennières, dont les clients se sont rapidement entichés du nouveau procédé, au point de ne plus vouloir de bouchon de liège… « Le consommateur est prêt à ce type d’avancée mais  à condition qu’un minimum de pédagogie soit effectué« , au dire de ce vigneron.

Sur la route des vins de Bordeaux : à la découverte du Médoc

Vignoble MédocainLe Médoc, une des 7 régions viticoles bordelaise

Le vignoble bordelais, à l’instar de la Bourgogne, regorge de nombreuses appellations qui sont dispersées à travers 7 régions viticoles bordelaises : Médoc, Blayais, Côtes-de-Bourg (appelé aussi Bourgeais), Libournais, Entre-deux-Mers, Graves et Sauternais. Ces 7 régions totalisent  38 appellations englobant en tout et pour tout près de 10 000 châteaux.

Géographie et appellations du vignoble Médocain

Le vignoble du Médoc s’étend sur la rive gauche de la Gironde, de Saint-Vivien-de-Médoc au nord jusqu’à la ville de Bordeaux au sud. Vignoble principalement à vins rouges, il fût propulsé au sommet de la hiérarchie bordelaise par la classification officielle des vins de Bordeaux de 1855.
Il comprend deux AOC régionales, Médoc et Haut-Médoc, ainsi que six AOC communales : Saint-Estèphe, Pauillac, Saint-Julien, Listrac-médoc, Moulis-en-Médoc et Margaux.

Les cépages du Médoc

Les cépages au sein du vignoble bordelais sont multiples, contrairement à d’autres vignobles tels que le vignoble Bourguignon principalement axé sur deux cépages. Sur l’ensemble du vignoble bordelais, on dénombre onze cépages dont six cépages rouges et cinq cépages blancs. Le Médoc regroupe quant à lui cinq de ces onze cépages : Merlot, Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc, Malbec et Petit Verdot. Chaque  Château compose son propre assemblage de cépages, parmi les cinq cités,  selon les spécificités culturales des domaines et les choix personnels des vignerons.
Le cépage prédominant reste le Cabernet Sauvignon, caractéristique du vignoble bordelais, composant à titre d’exemple les deux tiers des vins du célèbre Château Latour à Pauillac. Viennent ensuite le Cabernet Franc, le Petit Verdot et le Malbec généralement en quantité moindre (souvent moins de 10%).

 Classification des vins du vignoble Médocain

Au travers de ses huit appellations (régionales et communales), le Médoc se décompose en cinq familles de crus permettant à chaque vin de révéler sa propre identité et d’appartenir à la famille qui lui correspond le mieux : les crus classées (liés au classement de 1855), les crus bourgeois, les crus artisans, les caves coopératives et les autres crus. Ce vignoble produit des vins d’exceptions reconnus mondialement, et ce, en partie par la classification de 1855 dont vous trouverez ci-dessous les deux premières parties du classement :

Premier cru classé :
Château Haut-Brion, Pessac-Léognan
Château Lafite Rothschild, Pauillac
Château Latour, Pauillac
Château Margaux, Margaux
Château Mouton Rothschild, Pauillac

Deuxième cru classé :
Château Brane-Cantenac, Margaux
Château Cos d´Estournel, Saint-Estèphe
Château Ducru-Beaucaillou, Saint-Julien
Château Durfort-Vivens, Margaux
Château Gruaud Larose, Saint-Julien
Château Lascombes, Margaux
Château Léoville Las Cases, Saint-Julien
Château Léoville Poyferré, Saint-Julien
Château Léoville Barton, Saint-Julien
Château Montrose, Saint-Estèphe
Château Pichon Longueville Baron de Pichon, Pauillac
Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Pauillac
Château Rausan-Ségla, Margaux
Château Rauzan-Gassies, Margaux

L’histoire viticole de la Champagne

Les vins de Champagne, vin des rois de FranceVille de Reims

La Champagne a accueilli au cours des siècles de nombreux rois de France. Clovis, fit en effet de ce lieu une région d’intérêt pour la Couronne Française, étant sacré premier roi des Francs en 498 à Reims par l’évêque Saint-Rémi, premier évènement d’une longue tradition de sacres des rois de France dans la ville champenoise de Reims. Les cérémonies étaient suivies de grands festins au cours desquels les vins de Champagne coulaient à flots.

Ces vins furent rapidement appréciés et reconnus pour leur qualité, devenant des cadeaux appréciables pour la haute société et les monarques. François 1er ou Louis XIV se virent ainsi offrir par la région, à l’occasion de leur couronnement, quelques centaines de pintes de vin (une pinte, ancienne mesure, représentant un peu moins d’un litre). Les vins de Champagne sont, dès cette époque, des vins de célébrations et d’évènements de prestige, une réputation perpétrée jusqu’à nos jours.

Vers l’effervescence du Champagne

Bulle de champagne

En matière vinicole, le pétillement et la mousse des vins est un phénomène connu depuis longtemps, comme en témoigne un papyrus égyptien en date du 23 octobre 522 après Jésus-Christ : énumérant les cas d’annulation d’une vente de vin, il citait la reprise de la fermentation au printemps. Cette seconde fermentation se traduisant par un pétillement était considéré comme un défaut du vin. Ce pétillement était ni régulier, ni compris, ni provoqué. Dès 1320, le vin d’Epernay était décrit dans un poème comme étant « clair, brillant, fort, fin, frais, sur la langue pétillant. » Mais ce pétillement n’était pas propre aux vins de Champagne.

L’histoire des vins pétillants connaît une rupture dans les années 1670-1690, avec la naissance des vins de Champagne mousseux. C’est la première fois qu’un vin pétillant est associé à un territoire précis, la Champagne. C’est aussi la première fois que des techniques spécifiques de vinification sont mises au point.

Le vin de Champagne mousseux connaît rapidement un grand succès, en Angleterre puis en France dans les années 1700. Vin extravagant (expulsion du bouchon, mousse), éveillant les cinq sens, mais aussi très cher, il se diffusa d’abord dans les milieux aristocratiques. Son coût était augmenté par sa production très difficile. En effet, il fallait conserver le vin pendant plus de six mois en tonneaux, puis le mettre en bouteilles au printemps et attendre jusqu’à l’automne. La mousse prenait lorsque le sucre présent dans le vin au printemps était encore suffisant pour provoquer naturellement une seconde fermentation.

Or, les producteurs de Champagne ne connaissaient pas les mécanismes de cette seconde fermentation. Souvent, la prise de mousse échouait faute de sucre. Plus souvent encore, les bouteilles explosaient lors de la prise de mousse. Il fallut en fait près d’un siècle et les efforts de nombreux producteurs, des années 1700 aux années 1800, pour élaborer des techniques spécifiques : bouchage au liège avec ficelle en lin puis en fer ; sélection des bouteilles les plus résistantes ; variation de la date de tirage en bouteille en fonction des années ; ajout de sucre dans le vin déjà en bouteilles ; utilisation de caves à température stable pour améliorer la conservation des vins ; élimination du dépôt par la technique du dégorgement à partir des années 1780-1790.

C’est ainsi, qu’à la lueur de documents avérés, que le champagne est sur un plan historique le premier vin mousseux produit dans un territoire déterminé – la Champagne – et de manière régulière par des producteurs locaux.

L’âge de la célébrité du vignoble

Histoire de la Champagne

Au XVIIIème siècle, le Champagne devient célèbre à la Cour de Louis XV et est définitivement associé à une image de fête, de luxe et de volupté. La Marquise de Pompadour dira : « le Champagne est le seul vin qui laisse la femme belle après boire ». C’est d’ailleurs à cette époque que les premières maisons de Champagne apparaissent, telles que la maison Ruinart en 1729 ou la maison Moët en 1743.

Lors de la débâcle napoléonienne en 1815, la Champagne est occupée par des officiers prussiens, autrichiens et russes qui deviennent de francs amateurs de Champagne, contribuant à la fin de ces guerres à l’internationalisation de sa consommation et à l’implantation de groupes rhénans dans la région pour procéder à des échanges commerciaux. La filière viticole champenoise n’aura alors de cesse de se structurer tout au long du XIXème siècle.

Création des appellations du vignoble champenois

En 1887, le syndicat des grandes marques de champagne obtient la propriété du mot « Champagne » pour tous les vins issus de la région. En 1908, une première zone d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) est tracée, portant sur 15 000 hectares ; la délimitation définitive de 34 000 hectares est donnée en 1927. L’AOC impose 35 règles de qualité comme celle de la limitation à sept cépages autorisés (dont les principaux sont le pinot noir, le pinot meunier et le chardonnay), limitation du rendement à l’hectare et au pressurage, ou une durée minimum de vieillissement, …

Aujourd’hui, le vignoble champenois, à découvrir notamment lors de stage œnologique, s’étend sur quatre espaces très différents – la Montagne de Reims, la vallée de la Marne, la Côte des Blancs, la Côte des Bar – et ses 15 000 vignerons sont les dignes héritiers de cette histoire viticole champenoise.

L’avenir de la viticulture française en question

Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a relancé un débat récurrent entre négociants et vignerons lors d’une réunion le mercredi 14 mai dans laquelle il a demandé à l’établissement public France Agrimer de préparer un Plan Stratégique 2025 de la filière viticole, présenté en juin 2014. Des décisions sur le point d’être prises engendreraient une mutation importante du secteur viticole français conditionnant le futur des vignerons, des négociants et entreprises viticoles, et des territoires.

Une question est fortement discutée, celle de l’autorisation de nouvelles vignes pour une augmentation de la surface viticole européenne d’1% par an à partir de 2016, et de la suppression des « droits de plantation » dont le but est de réguler la viticulture au niveau européen. Ces changements auraient pour conséquence, selon certains, une déstabilisation complète d’un secteur actuellement fragile. Même si ces autorisations pourraient permettraient une meilleure production, elles pourraient aussi sans nul doute occasionner certaines dérives, et mettre en place un système de plus en plus industrialisé au grand désespoir des vignerons français attachés à leurs traditions.

Ce Plan  devrait favoriser le développement d’une production de vins sans Indication Géographique (IG), c’est-à-dire d’un vin dit « de marque » – non autorisé aujourd’hui – qui permettrait de relancer la filière viticole plutôt en déclin (baisse de la production de près de 22% en 10 ans). Cette position est défendue par l’Association  nationale interprofessionnelle des vins de France regroupant Castel, Grands Chai de France, l’Union des maisons et marques de vin.
Les vignerons quant à eux ne souhaitent pas que les vignes sans IG soient plantées dans les zones d’Appellation (AOC), de peur que les détenteurs d’autorisation de ces plantations ne s’approprient l’AOC. Ils soulignent également l’importance des AOC, gage de la qualité des vins, permettant au vignoble français d’être le premier exportateur mondial de vins en valeur (7,8 milliards d’euros en 2013). Affaire à suivre courant juin… !

Exportation des vins français

Sur la route des vins de Bourgogne : à la découverte de la Côte de Beaune


Il est parfois difficile de s’y retrouver parmi les multiples régions, communes et appellations du vignoble bourguignon. Aujourd’hui, on vous propose de partir à la découverte d’une des régions les plus renommées de la Bourgogne des Grands Crus : la Côte de Beaune. En espérant que cette rapide présentation encourage les moins initiés à se plonger parmi les appellations et terroirs d’exceptions de ce vignoble, et serve de rappel aux amateurs avertis.
La Bourgogne se décompose en 6 grandes régions viticoles, du nord au sud : le Chablisien près d’Auxerre, la Côte de Nuits, la Côte de Beaune, la Côte chalonnaise, le Mâconnais, et enfin le Beaujolais.

Chacune de ces régions possède des caractéristiques propres, du Beaujolais connu pour son fameux Beaujolais nouveau, au Chablis pour son appellation mono-cépage (le chardonnay), en passant par la Côte de Nuits avec les vins rouges parmi les plus chers au monde (Romanée-Conti pour n’en citer qu’un..), la Côte chalonnaise et le Mâconnais encore peu connus mais à découvrir, et enfin la Côte de Beaune, le terroir des plus beaux vins blancs du vignoble français.
Ces différentes subdivisions du vignoble de Bourgogne appellent une géologie et une météorologie spécifiques, mais nous éviterons de rentrer dans ce genre de détails !

La renommée du vignoble de la Côte de Beaune est étroitement liée à sa capitale, Beaune, siège historique et économique de la Bourgogne viticole. Le vignoble s’étend en effet autour de cette  ville, de Ladoix-Serrigny au nord jusqu’à Cheilly-lès-Maranges au sud, chevauchant les départements de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire.
Seuls deux cépages sont recensés au sein de ce vignoble : l’un rouge, le Pinot noir, et l’autre blanc, le Chardonnay à l’origine des vins blancs parmi les réputés au monde.

Longer les 30 km de la route des Grands Crus de la Côte de Beaune revient à parcourir quelques 20 communes viticoles, une trentaine d’appellations spécifiques, en plus de celles propres à tout le vignoble bourguignon, telles que les appellations génériques Bourgogne, Bourgogne-Aligoté, … Quelques noms évocateurs (Pommard, Corton-Charlemagne, Montrachet, ..) font briller les yeux et saliver les papilles de tous les amateurs de vins du monde.

Parmi les villages produisant des Grands Crus on distingue :
Aloxe-Corton (appellations : aloxe-corton, corton-charlemagne, charlemagne et corton) ;
Pommard (appellations : pommard et bourgogne-hautes-côtes-de-beaune) ;
Savigny-lès-Beaune (appellations : savigny-lès-beaune, côte-de-beaune-villages, bourgogne-hautes-côtes-de-beaune) ;
Meursault (appellations : meursault, blagny, sainte-marie-la-blanche, volnay et bourgogne-hautes-côtes-de-beaune) ;
Chassagne-Montrachet (appellations : chassagne-montrachet, bâtard-montrachet, criots-bâtard-montrachet, montrachet et côte-de-beaune-villages) ;
Puligny-Montrachet (appellations : puligny-montrachet, bâtard-montrachet, bienvenues-bâtard-montrachet, montrachet, chevalier-montrachet, blagny et côte-de-beaune-villages).

Si les grands crus de ces appellations ne sont pas accessibles à toutes les bourses, tout un chacun pourra trouver son bonheur, à partir de 10€, sur des appellations moins réputées ou non classées en Grand Cru ou Premier Cru. Et pour approfondir vos connaissances en la matière, n’hésitez pas à partir en stage œnologique en Bourgogne.

Vers une nouvelle géographie viticole ?

La carte des vignobles est amenée à changer par le fait climatique, le saviez-vous ?

On ne cesse de parler du réchauffement climatique, et bien il semblerait qu’il ait un impact dans tous les domaines, y compris dans celui des vignobles et du secteur viticole. En effet, ce changement climatique imposera progressivement une redistribution de la géographie viticole. Les zones nordiques sont normalement trop froides et trop humides pour la production de vignes, la limite septentrionale des vins de qualité se situant au niveau des régions françaises de Bourgogne et d’Alsace. Et pourtant, plus le climat se réchauffe, plus cette limite va se déplacer vers des régions plus au Nord, profitant ainsi à des pays aujourd’hui non producteurs. Les régions productrices vont quant à elles devoir adapter leurs stratégies et développer de nouveaux cépages si elles veulent survivre.

Zone viticole en Europe

Des investisseurs commencent à parier sur la création de vignobles aux Royaume-Uni, comme au Pays-Bas, en Pologne, en Russie ou dans le sud de la Suède, tandis que l’Australie commence à transférer ses vignobles vers la Tasmanie. Le climatologue américain Lee Hannah annonce la mort prochaine d’une partie du vignoble méditerranéen et français (Bordelais, Provence, Languedoc-Roussillon, Vallée-du-Rhône…), la réduction de la zone viticole européenne d’au moins 40%. L’impact du réchauffement climatique ne se réduira bien évidemment pas qu’aux zones européennes, la réduction des vignobles d’Argentine, du Chili, des Etats-Unis ou de l’Afrique du Sud étant aussi à prévoir.

Les zones méridionales sont confrontées de plus en plus régulièrement à des vagues de chaleur extrêmes, amplifiant la problématique du stress hydrique. Les vignerons doivent être d’autant plus attentifs et trouver des solutions pour aller à l’encontre de ce phénomène, ce qui engendre un travail supplémentaire de création, d’adaptation et de vigilance, et finalement comme un effet de domino une augmentation du coût de production, une diminution des rendements, et au bas de l’échelle une augmentation du coût de vente des vins.
Si nous prenons le cas du Languedoc, les vins produits en plus grande quantité que dans d’autres régions françaises, sont nécessairement vendus à des prix moins élevés. Cependant, si les coûts augmentent, par l’installation de matériels d’irrigation par exemple, les vignerons devront s’orienter inévitablement vers un autre modèle que celui d’une production quantitative s’ils veulent affronter cette crise.

Une meilleure connaissance des cépages et de leur évolution est aujourd’hui absolument nécessaire et est l’un des enjeux du monde viticole. Les chercheurs se tournent de plus en plus vers la création d’OMG pour obtenir des variétés plus résistantes au réchauffement climatique.

BD, vin et oenotourisme

Il est incontestable que l’oenotourisme fait partie de l’actualité, c’est une tendance ! Il semblerait qu’il se propage de plus en plus tant en France qu’à l’étranger. Et pour preuve, ce secteur est sur le point d’être associé au monde de la BD, qui l’eut cru !

Quelques bandes dessinées en lien avec la thématique du vin sont parues ces dix dernières années, parmi celles-ci : la BD Château Bordeaux, dont le scénario a été écrit par Eric Corbeyran et les dessins par Epse, et les mangas Les Gouttes de Dieu dont le scénariste est Tadashi Agi et la dessinatrice Shu Okimoto.

La première est composée de quatre tomes : Le domaine (2011), L’œnologue (2012), L’amateur (mars 2013), et Les millésimes (septembre 2013). Il s’agit d’une « saga » familiale au cœur du vignoble du Médoc. Au-delà de l’intrigue et de l’évolution de son héroïne Alexandra, le lecteur sera plongé dans le monde du vin avec toute son originalité et ses particularités.

 

Vin mangaLes Gouttes de Dieu, manga paru dans un premier temps au Japon à partir de 2004, compte actuellement 32 volumes, et la sortie du prochain est prévue en juin 2014. Lorsque l’œnologue et collectionneur Yutaka Kanzi meurt, son testament est clair ; il indique que seul l’un de ses deux fils touchera l’héritage, constitué pour l’esentiel d’une cave regorgeant de vins rares. L’élu sera celui capable de résoudre une série d’énigmes concernant les vins conservés. Comme pour la BD Château Bordeaux, le lecteur est transporté d’une histoire particulière imaginée à l’univers vinicole par la présentation des métiers de la vigne, de la gestion d’un domaine, d’une cave, des traditions, et du vocabulaire lié au vin…

A l’origine d’un nouveau projet liant BD et oenotourisme, le studio The Rabbit Hole s’est donc donné pour objectif de concevoir une forme innovante et audacieuse de storytelling par la mise en place d’un projet transmedia (associant BD, réalité augmentée et jeu en réalité alternée) : la BD s’intitule Esprit du Vin et le premier volume Esprit Médoc sortira en septembre prochain. Soutenu par des partenaires publics tels que les Offices de Tourisme, et privés, cette BD transmedia a reçu cette année le premier prix de l’oenotourisme du Conseil Général de la Gironde.
Médoc - VinViolette Carigan, la future héroïne de cet ouvrage, originaire de la région de Bordeaux, est œnologue et consultant pour toutes les régions viticoles françaises. Victime d’un accident de voiture, à son réveil, elle est confrontée à une surprise de taille, et quelque peu inhabituelle : elle possède désormais le don d’entrevoir les spectres. Le lecteur la suit tout au long de l’œuvre, à travers son parcours dans l’Appellation du Médoc, dégustant du vin et communiquant avec des fantômes. D’autres régions viticoles seront présentées dans les prochains tomes, la perspective de la collection étant de mettre en avant et valoriser les appellations françaises dans un premier temps, puis étrangère dans un second temps.
Le lecteur sera également participant jusqu’à devenir acteur de l’histoire en résolvant des énigmes. Une application mobile sera exigée afin de scanner certains points visibles dans la BD permettant de débloquer du contenu média sur les régions viticoles, et de trouver les solutions aux énigmes d’autre part. Le lecteur pourra également se rendre sur le lieu de l’histoire avec la possibilité d’utiliser une application mobile de géolocalisation, afin d’obtenir toujours plus d’informations et de contenus sur les énigmes, favorisant par la même occasion le tourisme de la région viticole concernée. Le public de cette forme de narration ludique ne se limitera peut-être pas qu’aux amateurs de vin et à ceux de bandes dessinées. L’œuvre devra être le reflet d’une région, de sa culture, de son esprit, de son terroir….

Cette BD est peut-être le futur coffret cadeau alliant passion littéraire, passion du vin et séjour. L’univers narratif diffusé sur plusieurs média est original, et en pleine expansion tout comme l’oenotourisme. Leur association devrait intéressée un large public, c’est en tout cas ce qu’on souhaite à ce projet littéraire et technologique, ainsi qu’au secteur oenotouristique.

Le vin reconnu patrimoine de la culture française

Il est rare, mais il semblerait qu’il soit possible que les sénateurs arrivent de temps à autre à un consensus. Ce fut le cas dans la nuit du vendredi 11 avril au samedi 12 avril : ils ont adopté à l’unanimité l’amendement déposé par le sénateur socialiste de l’Aude, Roland Courteau, lors des débats autour du projet de loi sur l’agriculture. Après avoir été inscrit en 2010 comme patrimoine immatériel de l’humanité à l’Unesco, le vin est désormais reconnu et considéré comme patrimoine de la culture française. Son importance, son omniprésence sur le territoire français, et son intégration à un « art de vivre à la française » sont fermement soulignées par Roland Courteau justifiant en cela son action : « le vin exprime un patrimoine vivant, il fait partie du patrimoine culturel, littéraire, mais également gastronomique, paysager, architectural, matériel, économique et sociale, aussi bien sûr avec des centaines de milliers d’emplois. » Et oui vin et culture font bon ménage, les circuits touristiques sur les routes des vins sont là pour le prouver.. !

Ce texte est un acte symbolique, mais il est essentiel pour les professionnels de la viticulture, affectés par un sérieux manque de reconnaissance de leur travail. Il permet ainsi entre-autre une protection du vin, du savoir-faire des vignerons, et permettra peut-être également de répondre aux condamnations dont le vin fait souvent l’objet.

Le vin est reconnu, mais qu’en est-il du fromage, du calvados, ou de la bière comme le suggèrent certains sénateurs. André Reichardt, sénateur UMP du Bas-Rhin insiste par exemple pour que la bière soit hissée au rang de patrimoine français. Cette proposition est rejetée et Guillaume Didier, sénateur de la Drôme, ajoute avec justesse : « le vin, à l’étranger, dans le monde entier, c’est la France. Il en va autrement de la bière ».

En France, tout tend vers le vin à en croire cette décision, même le tourisme. Ceci confirme notamment la nécessité pour l’oenotourisme de continuer à se développer dans toutes les régions viticoles et à s’organiser dans le but de devenir une véritable plus-value française.