Les vins de Champagne, vin des rois de France
La Champagne a accueilli au cours des siècles de nombreux rois de France. Clovis, fit en effet de ce lieu une région d’intérêt pour la Couronne Française, étant sacré premier roi des Francs en 498 à Reims par l’évêque Saint-Rémi, premier évènement d’une longue tradition de sacres des rois de France dans la ville champenoise de Reims. Les cérémonies étaient suivies de grands festins au cours desquels les vins de Champagne coulaient à flots.
Ces vins furent rapidement appréciés et reconnus pour leur qualité, devenant des cadeaux appréciables pour la haute société et les monarques. François 1er ou Louis XIV se virent ainsi offrir par la région, à l’occasion de leur couronnement, quelques centaines de pintes de vin (une pinte, ancienne mesure, représentant un peu moins d’un litre). Les vins de Champagne sont, dès cette époque, des vins de célébrations et d’évènements de prestige, une réputation perpétrée jusqu’à nos jours.
Vers l’effervescence du Champagne
En matière vinicole, le pétillement et la mousse des vins est un phénomène connu depuis longtemps, comme en témoigne un papyrus égyptien en date du 23 octobre 522 après Jésus-Christ : énumérant les cas d’annulation d’une vente de vin, il citait la reprise de la fermentation au printemps. Cette seconde fermentation se traduisant par un pétillement était considéré comme un défaut du vin. Ce pétillement était ni régulier, ni compris, ni provoqué. Dès 1320, le vin d’Epernay était décrit dans un poème comme étant « clair, brillant, fort, fin, frais, sur la langue pétillant. » Mais ce pétillement n’était pas propre aux vins de Champagne.
L’histoire des vins pétillants connaît une rupture dans les années 1670-1690, avec la naissance des vins de Champagne mousseux. C’est la première fois qu’un vin pétillant est associé à un territoire précis, la Champagne. C’est aussi la première fois que des techniques spécifiques de vinification sont mises au point.
Le vin de Champagne mousseux connaît rapidement un grand succès, en Angleterre puis en France dans les années 1700. Vin extravagant (expulsion du bouchon, mousse), éveillant les cinq sens, mais aussi très cher, il se diffusa d’abord dans les milieux aristocratiques. Son coût était augmenté par sa production très difficile. En effet, il fallait conserver le vin pendant plus de six mois en tonneaux, puis le mettre en bouteilles au printemps et attendre jusqu’à l’automne. La mousse prenait lorsque le sucre présent dans le vin au printemps était encore suffisant pour provoquer naturellement une seconde fermentation.
Or, les producteurs de Champagne ne connaissaient pas les mécanismes de cette seconde fermentation. Souvent, la prise de mousse échouait faute de sucre. Plus souvent encore, les bouteilles explosaient lors de la prise de mousse. Il fallut en fait près d’un siècle et les efforts de nombreux producteurs, des années 1700 aux années 1800, pour élaborer des techniques spécifiques : bouchage au liège avec ficelle en lin puis en fer ; sélection des bouteilles les plus résistantes ; variation de la date de tirage en bouteille en fonction des années ; ajout de sucre dans le vin déjà en bouteilles ; utilisation de caves à température stable pour améliorer la conservation des vins ; élimination du dépôt par la technique du dégorgement à partir des années 1780-1790.
C’est ainsi, qu’à la lueur de documents avérés, que le champagne est sur un plan historique le premier vin mousseux produit dans un territoire déterminé – la Champagne – et de manière régulière par des producteurs locaux.
L’âge de la célébrité du vignoble
Au XVIIIème siècle, le Champagne devient célèbre à la Cour de Louis XV et est définitivement associé à une image de fête, de luxe et de volupté. La Marquise de Pompadour dira : « le Champagne est le seul vin qui laisse la femme belle après boire ». C’est d’ailleurs à cette époque que les premières maisons de Champagne apparaissent, telles que la maison Ruinart en 1729 ou la maison Moët en 1743.
Lors de la débâcle napoléonienne en 1815, la Champagne est occupée par des officiers prussiens, autrichiens et russes qui deviennent de francs amateurs de Champagne, contribuant à la fin de ces guerres à l’internationalisation de sa consommation et à l’implantation de groupes rhénans dans la région pour procéder à des échanges commerciaux. La filière viticole champenoise n’aura alors de cesse de se structurer tout au long du XIXème siècle.
Création des appellations du vignoble champenois
En 1887, le syndicat des grandes marques de champagne obtient la propriété du mot « Champagne » pour tous les vins issus de la région. En 1908, une première zone d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) est tracée, portant sur 15 000 hectares ; la délimitation définitive de 34 000 hectares est donnée en 1927. L’AOC impose 35 règles de qualité comme celle de la limitation à sept cépages autorisés (dont les principaux sont le pinot noir, le pinot meunier et le chardonnay), limitation du rendement à l’hectare et au pressurage, ou une durée minimum de vieillissement, …
Aujourd’hui, le vignoble champenois, à découvrir notamment lors de stage œnologique, s’étend sur quatre espaces très différents – la Montagne de Reims, la vallée de la Marne, la Côte des Blancs, la Côte des Bar – et ses 15 000 vignerons sont les dignes héritiers de cette histoire viticole champenoise.